N°17

JANVIER - FÉVRIER - MARS  2016

 

PAGE 9


"Pas mal pour du blues !"

"La critique est par définition en état de crise. Elle ne doit pas se vider de son esprit, elle doit être l'expression de la diversité des opinions, du besoin de polémique et d'une nécessité de discussion."  (Clo'e Floirat).

 ALBUMS À DÉCOUVRIR

 

Avant-propos :

La période des fêtes de fin d'année est généralement riche en sortie de nouveaux albums – cadeaux obligent !  Mais pour nous la transition du nouvel an est aussi l'occasion de retourner les fonds de tiroirs et de jeter un coup d'œil à des CDs posés là par manque de temps, par surabondance de matières, ou toute autre raison. Enfin, des disques que nous aurions dû reprendre rapidement en main et qui sont tombés dans l'oubli …  il est alors grand temps de sortir les meilleurs de la naphtaline, sans pour autant laisser les nouveaux de côté !

 

1.    EVA CASSIDY. NIGHBIRD.
2.    BONNIE RAITT. DIG IN DEEP.

3.    CHRIS JAMES / PATRICK RYNN. TROUBLE DON'T LAST.

4.    TORONZO CANNON. THE CHICAGO WAY.

5.    WALTER TROUT. BATTLE SCARS.

6.    JOE LOUIS WALKER. EVERYBODY WANTS A PIECE.

7.    ANDY SANTANA & THE WEST COAST PLAYBOYS. WATCH YOUR STEP.

8.    KAI STRAUSS. I GOT BY FELL.

9.    TASHA TAYLOR. HONEY FOR THE BISCUITS.

10.  ZORA YOUNG & LITTLE MIKE AND THE TORNADOES. FRIDAY NIGHT.

11.  GOD DON'T NEVER CHANGE. THE SONGS OF BLIND WILLIE JOHNSON.

12.  JIMMY BURNS. IT AIN'T RIGHT

13.  ANDY T-NICK NIXON BAND. NUMBERS MAN.

14.  DUKE  ROBILLARD. THE ACOUSTIC BLUES & ROOTS OF.

15.  RONNIE EARL & THE BROADCASTERS. FATHER'S DAY.

16.  LINDA GAIL LEWIS. HARD ROCKIN' WOMAN !

 

 

SUITE DES ALBUMS À DÉCOUVRIR EN PAGE EN PAGE 10.


EVA CASSIDY

NIGHTBIRD

BLIX STREET RECORDS. DECEMBRE 2015.

2 CDs - Possibilité d'un package avec DVD

existe aussi en 4 vinyles pour amateurs


CD1
1. Blue Skies
2. Ain't Doin Too Bad
3. Ain't No Sunshine
4. Fields of Gold
5. Baby I Love You
6. Honeysuckle Rose
7. Route 66
8. Bridge Over Troubled Water
9. Band Introduction
10. Chain of Fools
11. Fever
12. Autumn Leaves
13. Fine and Mellow
14. Cheek to Cheek
15. It Don't Mean a Thing (if it ain't got that swing)
16. Late in the Evening
17. Next Time You See Me
18. Waly Waly

CD2
1. Take Me to the River
2. Nightbird
3. People Get Ready
4. The Letter
5. Son of a Preacher Man
6. Stormy Monday
7. Tall Trees In Georgia
8. Something's Got a Hold On Me
9. Time After Time
10. Over the Rainbow
11. Welcome to the Club
12. Caravan
13. You've Changed
14. Wonderful World
15. Oh, Had I a Golden Thread


DVD
Honeysuckle Rose / Bridge Over Troubled Water / Autumn Leaves / Cheek to Cheek / Take Me to the River / Nightbird / People Get Ready / Stormy Monday / Tall Trees In Georgia / Time After Time/ Over The Rainbow / You've Changed

 

 

Je suis rongé par le regret de n'avoir pas trouvé le temps de parler plus tôt de ce double CD d'une artiste  que j'adore et que je ne risque jamais d'oublier puisque nous fêtions notre anniversaire le même jour … J'emploie l'imparfait puisque voilà maintenant vingt ans qu'Eva s'en est allé, très rapidement emportée par la maladie et ce, peu de temps avant de pouvoir fêter ses 34 ans. Il n'y avait aucune urgence à critiquer cet album dont la qualité est de nature à faire encore rêver de nombreuses générations futures, mais si je souhaite en parler maintenant c'est que, outre la date de sortie du disque, le présent numéro 17 couvre à la fois les anniversaires de naissance et de décès de la belle, respectivement les 2 février et 2 novembre.
En fait, c'est ce malheureux 2 novembre 1996 que commença la carrière discographique d'Eva auprès du grand public, puisqu'à l'heure de sa disparition, elle n'avait aucun album studio édité à l'exception d'un disque en duo avec le pianiste Chuck Brown ('The other side'). Elle avait pourtant mis en boite un certain nombre de titres, dans des styles assez variés et vous comprendrez en l'écoutant qu'elle pouvait tout chanter et même nous émerveiller en interprétant l'annuaire téléphonique ! Mais tout le monde sait que les maisons de disques détestent produire les gens inclassables! Alors, au début de cette funeste année 96 et alors qu'elle ne se sait pas encore malade, elle décide d'enregistrer 'live' au cours de deux concerts qui auront lieu les 2 et 3 janvier au 'Blues Alley Jazz', un club de la capitale où elle était née et près de laquelle elle vivait. Elle n'aura cependant pas eu le plaisir de suivre l'accueil fait à l'album 'Live at Blues Alley', autoproduit à la fin du printemps, soit seulement cinq mois avant son décès. Cet album a été réédité sur le label Blix Street Records l'année suivante, et ses 13 titres figurent parmi les 33 plages du présent double CD.
Le succès est venu à titre posthume, il a pris son essor au Royaume Uni et tout le matériel qui dormait dans les caves a refait surface au travers de 7 albums et autant de compilations. J'en profiterai pour signaler le superbe disque 'Simply Eva' qui a enchanté mon année 2011 et dans lequel elle apparaît accompagnée de sa seule guitare.
Mais en ces soirées post Saint Sylvestre 96, elle était en scène avec les magnifiques musiciens que sont le pianiste Lenny Williams, Chris Biondo à la basse, le guitariste Keith Grimes et Raice McLeod à la batterie… dans l'ordre où elle les présente en plage 9 du premier CD. Tous les goûts musicaux doivent être satisfaits par ce double album édité à l'occasion du vingtième anniversaire de l'enregistrement, d'autant que l'excellence de l'interprétation vous fera aimer des titres que vous aviez dédaignés jusque-là !
Bien évidemment on retrouve de vieux standards du jazz vocal tel "Honeysuckle rose" (Fats Waller), "Cheek to cheek", "Route 66" ou "It don't mean a thing" mais aussi :
- des ballades bluesy comme "Ain't no sunshine", "Fine and mellow" (Billie Holiday) ou "Stormy Monday" (T Bone Walker) ;
- des titres plus R&B comme "Next time you see me", "Baby I love you" ou "Take me to the river" ;
- des morceaux de l'époque comme "Fields of gold" (Sting) ou deux chansons de Paul Simon, "Bridge over trouble water" et une magnifique version de "Late in the evening" ;
Et puis, on est surpris et émerveillés par sa vision de titres que nous avons tous fredonnés, entre autres "The letter" (Box Tops), "Wonderful worl" (Louis Amstrong), "Fever" (Peggy Lee) ou le bien français "Autumn leaves"
Une majorité des morceaux existent aussi en enregistrement studio et il s'agit souvent de version bien différentes; reste qu'une bonne douzaine de chansons ne se trouvent que dans ces enregistrements 'Live'. Mais justement, le second CD se termine sur une prise studio qui est une magnifique version agrémentée à l'orgue de "Oh, had I a golden thread" du regretté Pete Seeger.
Des yeux qui vous transpercent le cœur puis une voix qui vous achève, on ne regrettera jamais assez la disparition prématurée d'Eva; il vous reste les 2 heures 20 de ce fabuleux double CD pour approcher le bonheur.

Qu'on apprécie, ou non, leur production respective, personne ne niera que Grace Griffith ou Katie Melua possèdent des voix hors du commun. Ces deux artistes professent une extrême dévotion pour Eva Cassidy au point que nous devons à la première la sortie posthume des enregistrements de l'artiste et à la seconde des duos … bien sûr électroniques.

 

Gilbert Béreau


Sites d'Eva :

http://www.evacassidy.com/  

http://evacassidy.org/
Le présent concert :
http://www.dailymotion.com/video/xd75mx_eva-cassidy-honeysuckle-rose-hd_music
http://www.dailymotion.com/video/xd75sp_eva-cassidy-what-a-wonderful-world_music
http://www.dailymotion.com/video/xxxwin_eva-cassidy-sings-concert_music
Plus R&B : https://www.youtube.com/watch?v=XRNleKBDCNw
Seule avec sa guitare :
http://www.dailymotion.com/video/x9jsq_eva-cassidy-somewhere-over-the-rain_music
Eva Cassidy & Kathie Melua (faux duos) :
"What a wonderful world" :    https://www.youtube.com/watch?v=cFoXcO8llNI
    https://vimeo.com/69600579
BBC_ Kathie parle d'Eva, puis "Over the rainbow" : https://www.youtube.com/watch?v=ZemnaIkhAN8


BONNIE RAITT

DIG IN DEEP
REDWING RECORDS RWR032. FÉVRIER 2016

1. Unintended Consequence of Love
2. Need You Tonight
3. I Knew
4. All Alone with Something to Say
5. What You're Doin' to Me
6. Shakin' Shakin' Shakes
7. Undone
8. If You Need Somebody
9. Gypsy in Me
10. The Comin' Round Is Going Through
You've Changed My Mind
The Ones We Couldn't Be


Bonnie Raitt   Percussion,Piano,Vocals,Background Vocals
Joe Henry   Acoustic Guitar,Electric Piano,Background Vocals
Mike Finnigan   Keyboards,Electric Piano,Background Vocals,Clavinet,Hammond B3
Jon Cleary   Background Vocals
Ricky Fataar   Percussion,Drums,Background Vocals,Finger Snapping
Bill Frisell   Electric Guitar
James "Hutch" Hutchinson   Bass
Greg Leisz   Acoustic Guitar
George Marinelli   Acoustic Guitar,Electric Guitar,Background ,Vocals,Finger Snapping
Maia Sharp   Background Vocals
Patrick Warren   Keyboards
Arnold McCuller   Background Vocals
Manny Alvarez   Bass,Guitar

Certains amateurs, à l’écoute d’un disque tel que celui qui nous occupe aujourd’hui ; ont tendance à trouver que tout fonctionne bien mais que la musique, maîtrisée, contrôllée, fleure un peu trop la country ou  le mainstream. C’est bien mais il ne se passe rien ou presque.
Mais il y a peut-être un malentendu sur l’objectif de l’artiste qui, au passage, considère son groupe actuel comme le meilleur qui l’ait accompagnée.
Il faut dire qu’elle est bien entourée. Par le guitariste George Marinelli notamment.
La musique populaire américaine privilégie le chant et donc les textes. Le chant se retrouve à la croisée de toutes les origines et influences. Bardes celtiques ou griots d’Afrique de l’Ouest, adeptes néo-orléanais du bel canto ou chants yiddish, tout a contribué à placer les paroles au cœur de la musique américaine.
Un grand connaisseur parmi les plus grands : Bob Koester se plait à rappeler que la chose qui compte pour le public afro-américain, c’est le contenu de la chanson, l’histoire que porte le texte. Chanter le blues a capella est certainement plus proche de la démarche initiale qu’aligner des licks de guitare au devant de la scène. Néanmoins, sachez-le, j’aime bien la guitare…
Je voulais revenir sur cette évidence pour expliquer que dans ce contexte, l’accompagnement et la musique elle-même sont des prétextes, un socle pour le vocaliste. Une histoire accrocheuse, emplie de « vécu » à partager, a simplement besoin d’un soutien rythmé.
C’est ce que l’on constate dans le blues, le R&B et bien d’autres styles. Ne demandons donc pas aux artistes de produire des pièces musicales exceptionnelles quand leur désir est de composer ou de chanter et peut-être de décrocher un hit.
Revenons au CD.
La musique tourne bien, tout semble couler de source. Peut-être est-ce un peu trop léché . Mais on oublie vite ces préventions quand la guitare bondit, nous empoigne et nous déchire en nous éparpillant dans un ravissement presque douloureux.
Compos et reprises se partagent le CD. Evoquons quelques titres.  Unintended Consequence of Love s’inscrit bien dans le désir de coller au quotidien, au réel, à la vie du couple par exemple. Can't remember when things got so crazy, All I know's I don't know what to do. La guitare surgit et déroule ses longues nappes reptiliennes hypnotiques qui nous enserrent et qu’on redoute de voir disparaître.
J’ai, personnellement, apprécié Need You To-night et ses breaks particulièrement efficaces. Et la guitare… Ah ! La guitare…
Undone offre un moment d’émotion, une vitrine pour une chanteuse qui sait aborder de multiples climats.
Un disque de qualité (le vingtième !) qui s’écoute sans effort. Pourquoi pas autour d’une piscine pendant les prochaines soirées d’été ?

André Fanelli

 

www.redwingrecords.com

www.bonnieraitt.com

 


CHRIS JAMES   PATRICK RYNN

TROUBLE DON'T LAST

VIZZTONE RECORDS VTCP001.  AOÛT 2015.

1. Shameless
2. Lilly Mae
3. Lonesome Whistle Blues
4. Going Down To The Ocean
5. Trouble Don't Last
6. Don't Drive Me Away
7. Steady Goin' On
8. A Good Idea At The Time
9. Hard To Keep A Dollar
10. Roll, Tumble And Slip


 

Chris James  Vocal and  Guitar On All Tracks

Patrick Rynn  Electric Bass On All Tracks

Rob Stone  Harmonica On Tracks 1,3,6,7,8,10

Aki Kumar Harmonica On Tracks 2,3,4,5,7,8,10

Jone Core  Drums On All Tracks

 

Les deux compères devenus inséparables depuis qu'ils se sont unis à Chicago en 1990 pour nous faire partager le plaisir qu'ils ont à jouer leur musique avec une grande complicité sont venus nous rendre visite récemment dans le sud de la France lors de la dernière tournée du Chicago Blues Festival.

Ceux qui, comme moi, ont eu la chance de pouvoir assister à un de leur concert, garderont forcément en mémoire le plaisir jubilatoire que ça leur a procuré. Pour les autres, leur dernier album "Trouble Don't Last" pourra leur apporter une compensation certes loin du live, mais néanmoins très satisfaisante.

Chris James est donc au chant et à la guitare et Patrick Rynn à la basse. On y retrouve Aki Kumar à l'harmonica, présent sur la tournée, mais également l’excellent harmoniciste Rob Stone sur une bonne moitié des titres, la section rythmique étant ici complétée sur tout l'album par June Core, encore un de la bande de Bob Corritore dans le club duquel ils jouent tous régulièrement; c'est The Rhythm Rom à Phoenix.

Chris et Patrick nous livrent ici une dizaine de titres dont six sont de leur composition (de très beaux morceaux comme Shameless, Going Dow To The Ocean ou Stady Goin'on ), les autres sont des reprises bien choisies (dont un magnifique Lilly Mae de Calvin Frazier ou Roll, Trumble And Slip d'Albert Luandrew).

De bout en bout c'est toujours interprété dans une tradition Chicago Blues réactualisée dont le son et le talent me rendent admiratif.

Vivement conseillé à tout ceux qui aiment le Chicago Blues d'aujourd'hui !

 

Jean-Louis Guinochet

 

www.vizztone.com

www.chrisjamesandpatrickrynn.com

www.youtube.com/watch?v=Y-1kJfFsnQo

 


TORONZO CANNON

THE CHICAGO WAY

ALLIGATOR RECORDS. FÉVRIER 2016.

1. The Pain Around Me
2. Walk It Off
3. Fine Seasoned Woman
4. Jealous Love
5. Midlife Crisis
6. Chickens Comin' Home To Roost
7. Strength To Survive
8. When Will You Tell Him About Me? 
9. Mrs. From Mississippi 
10. I Am


 

Toronzo Cannon Vocals, Lead Guitar, Rhythm Guitar,* Background Vocals
Brother John Kattke Hammond B-3 Organ, Piano, Keyboards
Pete Galanis Electric, Acoustic Rhythm Guitar#
Larry Williams Bass
Melvin "Pookie Stix" Carlisle Drums
Horns on "Fine Seasoned Woman" and "Midlife Crisis" arranged by Brother John Kattke:
Doug Corcoran Trumpet
Steve Eisen Tenor Sax
Robert Collazo Baritone Sax
Melon "Honeydew" Lewis Background Vocals
Blaise Barton Percussion

Produit par Bruce Iglauer et Toronzo Cannon
Enregistré aux Joyride Studios, Chicago, IL

Ayant entendu Toronzo plusieurs fois « live » je n'ai pas été surpris à l'écoute de l'opener de son nouveau Cd paru chez Alligator.
Nous sommes là dans un blues au goût du jour qui lorgne un peu du côté d'un rock chaleureux sans être agressif. Cette ambiance domine cet album.
En considérant le marché français, cette musique vise plusieurs clientèles, dont les amateurs de blues classique. Ceux-là seront peut-être à la portion congrue car hormis Mrs. From Mississipi et Chickens Comin' Home To Roost, nous ne sommes pas au cœur du blues.
En revanche ceux qui aiment les musiques qui pulsent, les guitares expressionnistes, les vocaux passionnés vont trouver leur compte. Largement.
Toronzo est un bon chanteur et un excellent guitariste. C’est plutôt un bon départ pour réussir un bon disque.
Ajouter à cela une expérience solide et, certainement, une impatience légitime. Un désir d’être enfin au sommet de l’affiche.
La guitare du chef se plait aux longues phrases virevoltantes expressionnistes, en un mot, nous avons affaire à un artiste qui place un certain lyrisme au centre de son expression. En témoigne "Strength to Survive" par exemple avec son jeu exalté et parfois stratosphérique. Toronzo avait tout ça à déballer. Il ne pouvait plus attendre…
Je retrouve dans les paroles des diverses chansons le goût de Bruce Iglauer pour les artistes qui ancrent leurs lyrics dans le quotidien, la vie en somme. Exemples : Pain Around Me ou Midlife Crisis qui contient, de plus, une belle partie de claviers.
Un CD qui devrait consacrer une nouvelle étoile et qui complète bien le talent scénique du grand showman qu’est Toronzo.

André Fanelli

www.alligator.com

www.toronzocannon.com

 


WALTER TROUT

BATTLE SCARS

MASCOT PROVOGUE.  OCT 2015.

1. Almost Gone
  2. Omaha Prelude
  3. Omaha
  4. Tomorrow Seems So Far Away
  5. Please Take Me Home
  6. Playin' Hideaway
  7. Haunted By The Night
  8. Fly Away
  9. Move On
  10. My Skip Came In
  11. Cold, Cold Ground
  12. Gonna Live Again
  13. Sammy, Sammy


Walter Trout continue son travail d'artiste avec la volonté d’un rescapé, comme si, être passé si près de la mort avait modifié sa vision de la musique.

J’avoue n’avoir jamais été un grand fan de Trout durant sa longue carrière dont la cinquantaine d’années de scène, entre autres avec Canned Heat ou John Mayall, me laisse des souvenirs bruyants peu chargés en émotion.

Ici, ses dernières compositions avec quelques ballades qui se promènent parmi des envolées de blues-rock me semblent effectivement très sincères sans pour autant me séduire plus que ça. J’imagine que les inconditionnels de Walter seront séduits par son chant, que j’avoue ici parfois touchant, et sa guitare loquace et exubérante, et tant mieux pour eux !

Ils pourront l’applaudir lors de sa prochaine tournée « I’m Back Tour ».

Jean-Louis Guinochet

 

www.mascot-provogue.com

www.waltertrout.com

 


JOE LOUIS WALKER

EVERYBODY WANTS A PIECE

MASCOT PROVOGUE.  FÉVRIER 2015.

1. Everybody Wants A Piece
2. Do I Love Her
3. Buzz On You
4. Black & Blue
5. Witchcraft
6. One Sunny Day
7. Gospel Blues
8. Wade In The Water
9. Man Of Many Words
10. Young Girls Blues
11. 35 Years Old


 

Une collaboration réussie avec le producteur Paul Nelson (ex-guitariste de Johnny Winter) a abouti à ce dernier album de JLW qui revient après quelques années d’absence chez Provoque. Malheureusement, les deux ou trois précédents albums sortis chez Alligator ne seront pas retenus comme les meilleurs parmi la bonne vingtaine de Cd, avec des périodes chez Hightone ou chez Verve, qui jalonne sa carrière.

Ici, le bluesman chanteur et guitariste nous propose 11 titres qu’il interprète accompagné d’un groupe de musiciens remarquables : Philipp Young aux claviers, Lenny Bradford à la basse et Byron Cage à la batterie. Paul Nelson joue également de la guitare sur deux titres, enregistrés juste avant qu’il ne rejoigne Johnny Winter au paradis du blues.

Au début, le choix du répertoire est à mon goût un peu trop rock funky et pas toujours très créatif et même plutôt convenu, et la conviction évidente avec laquelle les musiciens et spécialement Joe Louis à la guitare s’investissent à l’ouvrage ne suffit pas toujours à nous replonger dans les belles heures de la belle époque.

En revanche, dans la deuxième partie du Cd, le magnifique blues "Gospel Blues », le sublime gospel « Wade In The Water » ou le bon shuffle « Young Girl Blues » permettent de nous plonger dans les profondeurs d’un bain d’eau bleu qu’on était en droit d’attendre dès le début.

En définitive, ne vous privez pas de ce Cd, sa seconde moitié est excellente !

 

Jean-Louis Guinochet

 

 www.mascot-provogue.com

www.joelouiswalker.com


ANDY SANTANA

& THE WEST COAST PLAYBOYS

WATCH YOUR STEP ! 

DELTA GROOVE . DGPCD170. OCTOBRE 2015.

1. Knock Knock
2. Watch Your Step ! 
 3. Playgirl
   4.  One Way Love Affair
   5.  Love Sickness
    6. You May Not Know
    7. No Double Talk
    8. Can't You See
    9. Take Me Back
    10. Grease land
    11. You Smell Like Cookies
    12. What's Wrong?
    13. Go On Fool


 

Voilà un album qui n'a pas trainé au fond de mes tiroirs et qui pourrait bien attendre un peu, mais il m'a procuré tellement de plaisir qu'il n'est pas question de délais ! Comme dans les mises en garde de la SNCF, un Santana peut en cacher un autre, et celui qu'on n'a pas vu venir est le plus … percutant !
Celui-ci nous vient de la Californie du nord qu'il sillonne depuis de nombreuses années et où son étoile brille de mille feux ; il lui manque encore la reconnaissance des publics de l'est des montagnes. Natif de San Jose (Californie) en 1951, ce n'est plus un gamin ; pas non plus un blanc-bec en ce qui concerne la musique puisqu'il est sur les planches depuis 1978. Belle voix, talentueux harmoniciste et bon guitariste, il a, en plus, toujours le bon goût de s'entourer de la crème des musiciens californiens. Et c'est encore le cas avec ce nouvel album pour lequel ils sont venus, ils sont tous là !!! Bien sûr celui qui, depuis des années, est si souvent à ses côtés et auprès de qui son petit gabarit le fait disparaître, le colosse Kid Andersen. Mais aussi, Anthony Paule dont nous vous parlions dans le dernier numéro, Bob Welsh, Mighty Mike Schermer, Rusty Zinn … excusez du peu !

En fait, le quatuor des 'West Coast Playboys' a considérablement grossi puisqu'en plus des vedettes déjà citées, on retrouve claviers, orgue et différents saxos. L'album démarre sur une bien belle reprise du R&B louisianais "Knock knock" qu'avait créé Carole Fran à la fin des 50's sous l'égide du légendaire JD Miller. Les premiers titres sont des reprises et c'est la fête de la Louisiane puisqu'on retrouve un bien joli "Watch your step" emprunté à Bobby Parker suivi du boogie "Playgirl" composé par Dave Bartholomew et sur lequel Andy fait merveille à l'harmo. On retrouvera d'ailleurs une autre chanson de Bartholomew à la fin du CD, le superbe "Go on fool" interprété dans un esprit très Fats Domino. Entre temps nous nous serons régalés de "One way love affair" de ZZ Hill, une version bien R&B avec un bel équilibre guitares/cuivres et sur le blues lent "Can't you see" emprunté au regretté Chuck Willis dont nous vous parlions dans le précédent numéro. Parmi les titres originaux, vous serez incapable de maitriser vos petits petons sur le jump-boogie "You may not know" ni sur le rockeux "No double talk" composé de concert avec son compère californien Rick Estrin.
Je pourrais vous détailler tous les titres mais c'est franchement difficile car tout est tellement bon qu'il devient dur d'éviter les répétitions sans tomber dans la dithyrambe suspecte. Nous tenons là un album offrant des plages de styles variés permettant pas à la moindre seconde d'inattention de s'installer; il y a même un instrumental (Greasaland). 13 plages et 49 minutes de bonheur.

 

Gilbert Béreau


Site officiel : http://westcoastplayboys.com/
Echantillonnage de l'album :

https://www.youtube.com/watch?v=KS04uAWQIrI
Un titre de l'album 'live' (11/2015) :

https://www.youtube.com/watch?v=4nDIySikASI
'Live' au 'Maui Sugar Mill' (11/2015):   

https://www.youtube.com/watch?v=Ejn0F8fa9Ss
https://www.youtube.com/watch?v=ykGQO-oE01A
Quelques classiques (2015) :   

https://www.youtube.com/watch?v=4nDIySikASI 

https://www.youtube.com/watch?v=-wyg9EFxx6g


KAI STRAUSS

I GO BY FEEL

CONTINENTAL BLUE HEAVEN. CD 2027.  FÉV  2015.

1. A Fool Way Too Long
2. Drinkin' Woman
3. Luther's Blues
4. Gotta Wake Up
5. Knocking on Your Door
6. Back and Forth
7. Midnight Shift
8.  Soul Fixin' Man
9. Ain't Gonna Ramble No More
10. Money Is the Name of the Gam
11. I Take My Time
12. I'm Leaving You
13. Early in the Morning


 

A quarante cinq ans Kai Strauss confirme, après son précédent album « Electrice Blues », qu’avec "I Go By Fell », il est bien l’un des meilleurs guitaristes de blues européen et qu’il a eu raison de quitter les Bluescasters de Memo Gonzales pour voguer sous son propre nom. Il s’est adjoint la collaboration de Mike Wheeler (guitare), Sax Gordon (sax), Tony Vega (guitare), Tommie Harris (chant), Big Pete (haro) et Christian Bleiming (piano) pour enregistrer des reprises et quelques unes de ses compositions dans un esprit attaché aux traditions et aux influences de Chicago, chacun apportant avec un plaisir éclatant sa pierre à un édifice dont l’âme est véritablement très blues. L’instrumental «Back and Forth» témoigne parfaitement de l’état d’esprit qui devait régner en studio !
Mike Wheeler chante sur les reprises de deux balades, "Gotta Wake Up" et "Money Is The Name Of The Game ", Tony Vega slide très rapidement sur la reprise de Bob Reed et Sax Gordon imprime son vigoureux saxophone dès qu’il est présent. Nous retrouvons aussi la voix de Tommie Harris sur le beau «Luther’s Blues» de Luther Allison. Mais le rôle de leader de Kai Strauss reste toujours primordial, s’affirmant comme bon chanteur mais surtout excellent guitariste dont le toucher est d’une grande finesse, le phrasé simple est varié et l’attaque affutée. Tout au long de l’album, ses chorus aérés sont une belle démonstration de son expression personnelle et oh combien talentueuse. Un artiste qui n’a certainement pas fini de nous étonner, ne le perdons pas de vue.
Savourez au plus vite cet album !

 

 Jean-louis Guinochet

 

www.kaistrauss.com


TASHA TAYLOR

HONEY FOR THE BISCUITS

RUF 1225. MARS 2016

1. Feel So Good
2. Wedding Bells
3. Family Tree
4. Weatherman
5. One And Only
6. Little Miss Suzie
7. I Knew
8. How Long
9. That Man
10. eave That Dog Alone
11. Places I Miss
12. Don't Rush Off
13. Same Old Thing


Tasha Taylor (Vocals, guitar, percussion),
Nathan Watts (bass), John Notto (guitar), Jon Taylor (guitar), Don Wyatt (piano/organ) et Munjungo Jackson (percussion), Gerry Brown, Ronald Bruner, et Stanley Randolph (drums), and Jamelle Williams, Matthew DeMeritt, et Lemar Buillary (horns)
Invités : Keb’ Mo’, Robert Randolph, Tommy Castro et Samantha Fish)


Nous avons eu l’occasion d’entendre et de voir Tasha Taylor lors d’une tournée de la New Blues Generation et certains avaient été un peu déçus.  Il faut dire qu’être la fille d’une star de la Soul telle que Johnnie Taylor lui-même, crée des attentes qui sont sans doute un fardeau quand il s’agit de se faire une place dans le métier.
Son tout récent CD nous permet de faire le point sur cette artiste qui semble avoir largement progressé et qui prend place parmi les chanteuses qui comptent aujourd’hui.
La musique est certes destinée au divertissement, à la danse selon les propres mots de la chanteuse, une musique dans l’ensemble agréable et légère mais où le parfum du blues n’est jamais très loin.
Tasha bénéficie, en outre, d’un accompagnement solide ce qui ne signifie pas « lourd » et de la présence d’efficaces invités de marque.
Le répertoire englobe différents aspects de la musique africaine-américaine et démontre l’implication de Tasha dans la longue histoire de la Great Black Music. Cet album me semble une vraie réussite et vous l’écouterez certainement plusieurs fois pour peu que vous ne vous limitiez pas au blues.
J’ai adoré Leave That Dog Alone, où Tommy Castro, superbe,  et Samantha Fish viennent épauler la chanteuse sur un rythme prenant.
Encore une histoire d’amour qui tourne mal :  “He wouldn’t stop messing around on me … I had to throw is stuff out on the street.” J’ai aussi aimé le sensuel Wheaterman qui balance à souhait avec le chant de Tasha « se promenant avec aisance » sur un tapis de riffs et de chœurs ou encore le dynamique How Long capable de faire danser les grabataires les plus endurcis. Et une belle partie de guitare en prime…    Je n’oublie pas Wedding Bells avec un saxo bien sympathique…
Le CD s’achève avec un Same Old Thing partagé avec Castro.
Un CD conseillé aux amoureux de la Soul, du R&B et… du Blues.

André Fanelli

www.rufrecords.de

www.tashataylor.com

 


ZORA YOUNG

& LITTLE MIKE AND THE TORNADOS

FRIDAY NIGHT

ELROB RECORDS.  AOÛT  2015.

1. I've Been a Fool Too Long
2. A Fools Lament
3. 44 Blues
4. True Love Is Hard to Find
5. I Love Chicago
6. Friday Night
7. Chains of Love
8. Just Your Fool
9. Country Girl
10. I'm Good
11. Spann's Boogie


 

Quelle exceptionnelle chanteuse que Zora Young qui mériterait bien, à son âge (une jeune fille de 67 ans), d’être prise en charge par un bon label. Pour l’accompagner, les Tornadoes de Chicago dirigés par leur leader Little Mike, qui nous avait livré, il n’y a pas si longtemps, un excellent album de compositions personnelles "All The Right Moves", du très bon et véritable blues déjà produit sur son label Elrob Records.

La formidable collaboration entre Zora et Mike donne un résultat à la hauteur de ce que je pouvais en attendre ! C’est du grand blues de Chicago. Tous sont excellents mais le chant de Zora prend ici toute son ampleur, émotion et sensualité sont au rendez-vous. Le plaisir de jouer ensemble se ressent, ça chauffe comme dans un club de la Wendy City. Quelques compositions de Little Mike (Michael Markowitz) et de bonnes reprises d’Otis Spann, de Walter Jacobs, Bonnie Lee ou Chester Burnett mettent en valeur Jim McKaba au piano et Tony O.Melio à la guitare, emmenés par Robert Piazza à la Batterie et Brad Vickers à la basse. Les cuivres, avec Rick Johnson au sax et Gary Smith à trompette, achèvent l’accompagnement sur certains titres. Little Mike a un jeu d’harmonica puissant mais sait rester sobre et élégant dès qu’il le faut. Les chorus de Tony à la guitare sont clairs et précis. C’est authentique et inspiré.
L’album se termine sur un instrumental, "Spann’s Boogie » sur lequel Jim McKaba au piano brille de toutes ses touches.
Un album éminemment recommandé pour les amateurs de cette musique. Quel bon blues !

 

Jean-Louis Guinochet

 

www.littlemikeandthetornadoes.com

https://www.facebook.com/ZoraYoung


JIMMY BURNS

IT AIN'T RIGHT

DELMARK  841.  AOÛT 2015

1. Big Money Problem
2. Will I Ever Find Somebody’
3. Snaggletooth Mule
4. Long as You’re Mine
5. Hard Hearted Woman
6. My Heart Is Hangin’ Heavy
7. Crazy Crazy Crazy
8. A String to Your Heart
9. Rock Awhile
10. Stand by Me
11. Surrounded
12. I Know You Hear Me Calling
13. It Ain’t Right
14. Messin’ with the Kid
15. Wade in the Water


 

Enfin un nouvel album sur Delmark ! Le dernier sur ce label datant de 2007 ! Rien d'étonnant car Jimmy Burns n’a jamais beaucoup enregistré. On ne peut compter que cinq à six albums en vingt ans.

Produit par Dick Shurman qui a bien étudié son coup, et enregistré avec les musiciens attitrés de son groupe, l'album est vraiment très abouti. À ses côtés, Anthony Palmer est à la guitare, Greg McDaniel à la basse et Bryan "T » Parker à la batterie. Deux claviers aussi avec Rooseevelt Purifie et Subito Ariyoshi, plus une section de cuivres, apportent beaucoup à certains titres très soul qui nous rappellent ses débuts. Presque exclusivement fait de reprises, le répertoire nous propose de très beaux blues de Jimmy Red avec «A String in Your Heart» qui nous dévoile un Jimmy Burns très en forme à l’harmonica ou de Little Walter avec "It Ain’t Right" qui donne son nom à l’album.

Il excelle aussi toujours dans les ballades soul comme "Will I Ever Find Somebody" ou le gospel "Wade In The Water".

Je n’oublierai pas de citer la ré-interprétation originale de "Messin’ With The Kid’ , mais également "Stand By Me" qui prouvent qu’à 72 ans sa voix n’a rien perdu de ses immenses qualités.

Grace au travail de Delmark, à l’efficacité des musiciens et à Jimmy Burns, artiste complet et talentueux, qu’on retrouve ici en grande forme, je vous assure que cet album est une belle réussite !

 

Jean-Louis Guinochet

 

www.delmark.com

www.jimmyburnsband.com

 


GOD DON'T NEVER CHANGE

THE SONGS OF BLIND WILLIE JOHNSON

ALLIGATOR RECORDS ALCD4968. FÉVRIER 2016

1.  Soul Of A Man (Tom Waits)
2.  It’s Nobody’s Fault But Mine (Lucinda Williams)
3.  Keep Your Lamp Trimmed And Burning (D. Trucks & S. Tedeschi)
4.  Jesus Is Coming Soon (Cowboy Junkies)
5.  Mother’s Children Have A Hard Time (The Blind Boys of Alabama)
6.  Trouble Will Soon Be Over (Sinéad O’Connor)
7.  Bye And Bye I’m Going To See The King (Luther Dickinson featuring The Rising Star Fife & Drum Band)
8. God Don’t Never Change (Lucinda Williams)
9. John The Revelator (Tom Waits)
10. Let Your Light Shine On Me (Maria McKee)
11.   Dark Was The Night, Cold Was The Ground (Rickie Lee Jones)


 

Depuis quelques années, les albums dédiés à des artistes disparus se sont multipliés. Aujourd'hui c'est au tour de Blind Willie Johnson de recevoir un hommage posthume et c'est Alligator qui nous propose un  CD  réussi.
Il n'est pas facile de rassembler des « noms », des musiciens issus de traditions et de pratiques très diverses et de construire autre chose qu'un défilé hétéroclite.
La voix de Tom Waits, rugueuse et parfois caverneuse trouve assez aisément le chant de Johnson. Mais du coup, on se prend à évoquer le modèle et c'est là un combat bien inégal.
Dereck Trucks est décidément un Maître du slide. Sonorité, justesse, phrasé tout y est autant qu'on puisse l'espérer aujourd'hui alors que les derniers grands noms du slide noir nous ont quitté, il maintient la flamme et ne se contente pas d’en être le gardien zélé. J'ai beaucoup aimé le naturel de sa version de Keep Your Lamp Trimmed and Burning qui rend vraiment hommage à Blind Willie. Il est brillamment secondé dans cet exercice par la voix de Susan Tedeschi.
Les Cow Boy Junkies... Je n'avais rien écouté d'eux depuis trois ou quatre ans. Je ne sais plus trop quel était l'album. Mais j'avais assez aimé Stranger Here. Leur approche de Blind Willie ne manque pas de feeling, notamment grâce à la voix magique de la chanteuse. En y repensant je me souviens tout à coup de leur premier disque, remontant aux années 80 et qui comportait une lecture très personnelle (et iconoclaste) du blues notamment au niveau de la guitare. Faites vous une idée en écoutant I Never Get out these blues alive ou Baby please don't go. Leur contribution au CD est une réussite.
Cet album parvient à exprimer la signification profonde de ces chants emplis de foi en évitant de singer Johnson. D’une certaine façon, ce dernier est hors d’atteinte. Ne voyage-t-il pas dans l’immensité ténébreuse de l’Espace en attendant que sa musique, son ART, rencontre de nouvelles oreilles et une âme ardente prête à le suivre sur les routes du Sud ou du Paradis.
Ainsi, Lucinda Williams donne au vieux Nobody’s Fault But Mine une nouvelle vie, une densité sombre parcourue cependant par des fulgurances. L’intensité de la musique va croissant tout au long de l’album. La guitare crache des lignes torturées qui serre le cœur. Grande musique en vérité.
Il faudrait pour être équitable consacrer quelques lignes à tous les morceaux… Evoquer la puissance des Blind Boys of Alabama, le fascinant Bye and Bye I’m Going to See the King de Luther Dickinson…
A vous de vous faire une idée. Vous aimerez certainement cette magnifique compilation qui est, de fait, bien plus que cela.

André Fanelli

 

www.alligator.com

 


Déjà présenté par Laurent Webb dans le précédent Feeling Blues n°16, Gilbert Béreau nous en livre ici un avis différent et complémentaire

ANDY T-NICK NIXON BAND

NUMBERS MAN

BLIND PIG. BPCD5168. SEPTEMBRE 2015.

1. Shut The Front Door
  2. Devil’s Wife
3. Deep Blue Sea
4. Tall Drink of Water
5. Numbers Man
6. Pretty Girls Everywhere
7. Blue Monday
8. Hightallin’
9. Sundown Blues
10. Tell Me What’s The Reason
11. Be Somebody Some Day
12. What Went Wrong
13. Gate’s Salty Blues
14. This World We Live In


 

Un bien bel album tombé avec l'été ! Mais qu'y a-t-il donc derrière ce nom bizarroïde ? Il s'agit simplement du groupe de deux vétérans du blues associés depuis 2011 et ceci est leur troisième disque en trois ans.
Le grand maigre qui porte la guitare est Andy T' Talamantez, raccourci en 'Andy T' tant le patronyme semble un peu long pour attirer le chaland. Originaire de la Californie du Sud, il fût d'abord attiré par la vague british et Eric Clapton avant que de plonger dans le blues plus traditionnel avec pour influences B.B. King, T-Bone Walker ou Magic Sam. Pendant une trentaine d'années, il participera à plusieurs groupes californiens tout en travaillant comme ingénieur dans l'industrie aérospatiale. Soudain, dans la seconde moitié des 90's, il lâche tout pour prendre la route avec Smokey Wilson puis Guitar Shorty. D'ailleurs, dans l'album 'Ready to roll' de 2003, c'est le groupe d'Andy T qui est derrière Smokey Wilson (ce dernier nous a quitté en septembre dernier, voir n°16). Après de nombreuses pérégrinations, Andy T atterrit à Nashville en 2008 et c'est là qu'il rencontre son futur partenaire.
Il s'agit du noir, un peu plus trapu et barbu, le chanteur guitariste James “Nick” Nixon, natif de Nashville. Il est doté d'une bien belle voix qu'il a façonnée en chantant à l'église puis en se frottant à l'opéra. Il devint rapidement une institution dans la cité de la musique et on le retrouve dans de nombreux groupes dès le début des 60's. Il commence à enregistrer sous son nom en 1989 et ce sera d'abord trois albums de gospels. A côté d'une carrière qui peine à dépasser les frontières de l'état et tout en continuant à se produire et à enregistrer, il enseignera le blues et la guitare durant 35 ans au 'Nashville’s Parks and Recreation Department'. Une activité qui lui vaudra un 'Keeping the Blues Alive award' (KBA) de la part de la 'Blues Foundation' en 2000 (pour plus de précisions sur les KBA, voir en dernière page du présent numéro).
C'est lors d'une jam-session à la 'Nashville Blues Society' que les deux se rencontrent et la conclusion d'Andy T sera : « la première fois que Nick chanta près de moi sur scène, j'ai eu la chair de poule ; il chante comme je voudrais pouvoir chanter ». Leurs deux premiers disques ont reçu des critiques fort élogieuses et nul doute que celui-ci fasse aussi l'unanimité. Le groupe de base se compose de Nick au chant, Andy T à la guitare, Larry Van Loon au piano et à l'orgue, Sam Persons à la basse et Jim Klinger à la batterie. Les renforts sont conséquents avec Kim Wilson à l'harmonica, mais aussi un accordéoniste, une paire de saxophonistes, un trompettiste, un joueur de washboard et j'en oublie !
Le CD s'ouvre sur "Shut the front door" un jump blues qui laisse une grande place aux guitares, puis les morceaux s'enchaînent, tous plutôt dansants. Le titre phare possède un groove ravageur avec de belles envolées de B3 et de cuivres mais j'ai un petit faible pour "Devil's wife', "Tall drink of water" et ses accent zydeco, l'instrumental "Hightailin'" ou "Sundown blues" et ses solos assassins, en particulier l'harmo de Kim Wilson. Je pourrais tout aussi bien vous citer les 14 plages du disque tant rien n'est à jeter !!! Les 55 minutes de la galette se répartissent en 10 morceaux originaux et 4 reprises ; celles-ci sont de vieilles perles fines et comprennent "Pretty girls everywhere", le vieux titre R&B d'Eugene Church, "Gate's salty blues" de Clarence 'Gatemouth' Brown, "Tell me what's the reason" emprunté à T Bone Walker. Deux jolis blues lents, "Blue monday", repris de James Davis et "This world we live in" qui clôture magnifiquement le disque avec de belles envolées d'orgue.
Les orchestrations sont splendides et Nick possède une belle voix noire qu'il projette fortement vers l'auditeur ; serait-il boxeur qu'on le qualifierait de 'cogneur'. Du coup, ces artistes concourront pour une récompense dans la catégorie 'groupe' des prochains 'Blues Music Awards' et le CD est nominé parmi les 'meilleur album traditionnel'.

 

Gilbert Béreau


Site officiel : http://www.andytband.com/
Ecoute de l'album : http://www.airplaydirect.com/music/AndyTNickNixonBand-NumbersMan/
En juillet à Milwaukee : https://www.youtube.com/watch?v=YgewAx8wjBo
En juin au Festival de Blues de Chicago : https://www.youtube.com/watch?v=YgewAx8wjBo
Live en 2013 : https://www.youtube.com/watch?v=jSqm_2Ybkjs
Un titre country de Don Gibson : https://www.youtube.com/watch?v=fnNmM5Lgk-0


DUKE ROBILLARD

THE ACOUSTIC BLUES & ROOTS OF

DIXIEFROG DFGCD 8783. SEPT 2015.


1. My old kentucky home
2. Big bill blues
3. I miss my baby in my arms
4. Jimmie's texas blues
5. Back yard paradise
6. Evangeline feat Sunny Crownover
7. Lefthanded
8. I'drather drink Muddy Water
9. I'm gonna buy me a dog

10. Nashville blues
11. Saint Louis blues
12. What is it that tastes like gravy?
13. Someday baby
14. Let's turn back the years
15. Take a little walk with me
16. Santa claus blues feat Maria Muldaur
17. Profoundly blue feat Jay McShann
18. Ukulele swing


 

 

"Le Blues Acoustique et les Racines de Duke Robillard" est, à ma connaissance, le tout premier album acoustique de Robillard dans une carrière qui recouvre plus de cinq décennies avec deux prix Grammy et quatre fois Prix du Guitariste de Blues de l'année. Il prend du plaisir à nous faire redécouvrir l'univers du Blues du sud américain des années 20 à 40, c’est-à-dire celui d'avant la migration vers Chicago.

C'est un album jouissif qui se partage entre reprises et compositions inspirées que le Duke a composé pour rendre hommage à certains artistes de l'époque, qu'apparemment il affectionne. Son jeu de guitare au toucher délicat et surtout sa voix ne trahissent en rien l'exigence et le respect que l'on doit à cette musique (ce qui n'est pas toujours le cas). Sur certains titres Robillard s'est fait accompagné par des artistes prestigieux comme Maria Muldaur et sa voix "country", Jay McShann espiègle aux claviers sur «Profoundly Blue", Billy Novick à la clarinette sur un "Saint-Louis Blues" délectable ou la sublime Mary Flower et son "classic acoustic style guitar".

Assis dans un bon fauteuil, j'ai pris un grand plaisir et même de la joie à laisser ces 18 morceaux rajeunis s'enchaîner les uns après les autres. Après toutes ses années de travail passées à creuser et fouiller parmi des styles parfois bien différents, Duke nous fait revivre ici, avec bonne humeur, les racines du blues. C'est une bonne idée car je suis sûr que ce sera une découverte pour certains !

 

 Jean-Louis Guinochet

 

www.bluesweb.com

dukerobillard.com

 


RONNIE EARL  & THE BRODCASTERS

FATHER'S DAY

STONY PLAIN RECORDS SPCD 1385.  JUIL 2015.

1. t Takes Time
2. Higher Love
3. Right Place Wrong Time
4. What Have I Done Wrong
5. Giving Up
6. Every Night About This Time
7. Father's Day
8. I Need You so Bad
9. I'll Take Care of You
10. Follow Your Heart
11. Moanin'
12. All Your Love
13. Precious Lord


 

Avec Father’s Day (titre éponyme de l’album, un morceau très émouvant, qui rend hommage à son père avec lequel les relations n’étaient pas toujours harmonieuses), cet ancien de Roomful of Blues doit en être au moins à son vingtième album. Les Broadcasters sont toujours présents pour accompagner cet excellent guitariste qui a remporté le Blues Music Award du meilleur guitariste de blues en 2014, mais qui ne chante toujours pas ! Ronnie a donc convié deux jeunes artistes, Diane Blue, à la voix magnifique et très soul, et Michael Ledbetter (chanteur de Nick Moss) qui possède lui aussi une voix qui force l’admiration. Les guitaristes Nicholas Tabaris, Larry lusignan et Tim o’ Connor sont aussi invités à participer. Une section cuivre vient aussi en renfort ! Au menu, des reprises bien revisitées de B.B.King, Otis Rush, Fats Domino, Magic Sam et un superbe Thomas A.Dorsey, "Precious lord » qui finit cet album après avoir déroulé ses longues plages de blues riches et sensibles.  

 

 Jean-Louis Guinochet

 

www.stonyplainrecords.com/Web/artist.asp?id=347

www.ronnieearl.com

 

 


ET AUSSI !

 

LINDA GAIL LEWIS

HARD ROCKIN' WOMAN !

LANARK RECORDS. LNK -CD-096.  DÉC  2015.

1. Hard Rocking Man
2. Spell Bound  
3. Lovesick
4. Little Baby Rock
5. Sure Does Help
6. Rocking My Life Away
7. And Now I Win
8. Linda Gail Blues
9. What Can I Do
10. This Train
11. Battle with the Bottle
12. Heartbreak Highway


Une fois n’est pas coutume !

Je vais vous parler rapidement de ce dernier album de Linda Gail Lewis et vous faire part de mon admiration quand on sait que la « Hard Rockin’ Woman ! » soufflera bientôt ses 70 bougies.

Les amateurs de rock, de country et de rockabilly connaissent bien le métier qu'a cette américaine à propos de ce rock vigoureux à la température élevée, autant pour le son que pour l’attitude, certains des titres ici sont 100% live.  
Ce CD a en plus la particularité d’avoir été enregistré en direct avec du matériel d’époque sur de vraies bandes et du matos de légende (les amateurs apprécieront) tel que magnéto MC1 JH24, amplis 1176s, compresseur dbx160, Roland space Echo, Tascam Spring Reverb, Sanco Reverb Chambert…dans les célèbres Studios Lanark dans le style le plus old school. Vous l’avez compris, l’album capture l’esprit des multiples tournées et enregistrements que Linda a pu faire seule ou lorsqu’elle se produisait avec son grand frère Jerry Lee Lewis.

Aujourd’hui elle parcourt toujours les scènes de la planète pour présenter son 25ème album (elle a enregistré le premier chez Sun Records à l’âge de 14 ans). Il est pour elle le premier sur Lanark Records.
Linda n’a rien perdu de sa voix acide très rythmée et joue encore du piano avec puissance et énergie, parfois debout, à l’image de la famille. Elle est accompagnée par Anne Marie Dolan-Lewis, sa fille (La relève ? Elle a commencé une carrière solo), pour les choeurs ou au chant sur "Spell Bound"; Danny Harvey (guitare & basse); Quentin Jones (guitare & basse et producteur de l'album) et Blair King (batterie). Tout au long on ressent une grande complicité et une cohérence solide entre la mère et la fille.
Pour ma part,  je me suis vraiment régalé avec le son de la guitare et du piano.

Avec déjà 55 ans de carrière, souhaitons lui de pouvoir jouer encore très longtemps.

Jean-Louis Guinochet

www.lanarkrecords.net

www.lindagaillewis.com

Linda au Jerry Lee Lewis Cafe & Honky Tonk avec Anne Marie Dolan :

www.youtube.com/watch?v=RWxq4-WXVjU