WEBZINE FEELING BLUES N°16

 

 

 

 

 

 

 

   CARREFOUR DES AMOUREUX DU BLUES DANS LE SUD

 

 

 

     Trimestriel

 

 

 

 

     octobre / novembre / décembre 2015

 

 

 

   

                                                                                         PAGE 9


1. GRÉSIBLUES FESTIVAL (38) par Gérard Bioteau

Franck Ash

Sophie Malbec

Charlie Fabert

Big Fat Mamma

Jack Bon Slim Combo

King King

Deborah Bonham

Hamed Mouici

Mathis Haug & Stéphan Notari

 

2. FESTIVAL COGNAC BLUES PASSION (16) par Gilbert Béreau

Selwyn Birchwood

Shakura S'Aida

Otis Clay

 

3. FESTIVAL DES ALPILLES. LAM' DU BLUES (13) par Jean-louis Guinochet

Guitar Crusher

Shawn Holt

 


      Texte et photos de Gérard Bioteau.      

 

 

16 ème édition du Grésiblues Festival avec cette année le retour sur scène d’artistes habitués du festival comme Franck Ash et Jack Bon et la découverte de jeunes talents.

 

 

 


Début le dimanche soir avec Franck Ash et son Band, Damien Cornélis aux claviers, Stéphane Minano à la batterie, Lamine Guerfi à la basse. Un show toujours aussi bien léché, Franck le gaucher est le patron, la grande classe.

                                                                            Franck Ash. Photo Gérard Bioteau. 2015.

 

 

 

Lundi soirée découverte avec deux jeunes artistes, la charmante Sophie Malbec et Charlie Fabert.

                                                                            Charlie Fabert & Sophie Malbec. Photo Gérard Bioteau. 2015.

 

Sophie Malbec est au chant et à la guitare, et quand je dis à la guitare ce n’est pas pour la galerie, c’est péchu un vrai chef, un show varié fait de standard du blues et de compos, une vraie réussite pour ce sympathique Band avec Pierre Capony à l’harmo, Pierre Gibbe à la basse, Yannick Urbani à la batterie. Avis aux programmateurs, Sophie Malbec n’attend que vos appels.

 

                                                                            Charlie Fabert. Photo Gérard Bioteau. 2015.

 

En seconde partie arrive Charlie Fabert, le surdoué, après avoir côtoyé les plus grands, notamment il accompagne régulièrement Fred Chapellier en concert, Charlie se produit avec ses propres compos, c’est flamboyant, des riffs de haute volée, une voix qui ne gâche rien, bien épaulé par Philippe Dandrimont à la basse et Guillaume Pihet à la batterie.

                                                                            Le boeuf : Charlie, Bako et Sophie. Photo Gérard Bioteau. 2015.

 

Sophie et Charlie nous ont offert un bœuf, chose qui se perd sur le festival, avec en renfort Bako Mikaelian à l’harmonica. La relève est prête.

 

 

 

Mardi ce sont les régionaux qui sont à l’honneur, tout d’abord les Savoyards de Big Fat Mamma, du blues rock en français c’est assez rare pour nos oreilles, textes de Jean-Hugues Ripoteau également au chant et à la guitare, c’est plaisant, bien fait. Un nouvel album est sorti « Last One ».

                                                                                                                                                         Jean-Hugues Ripoteau de Big Fat Mamma, . Photo Gérard Bioteau. 2015.

 

Jack Bon. Photo Gérard Bioteau. 2015.

 

Arrive ensuite le lyonnais Jack Bon accompagné de Chris Michel à la basse et Laurent Falso à la batterie, un trio de feu, du blues, du rock, des boogie d’enfer, Jack Bon Slim Combo j’adore et il n’y a pas que moi, les fans étaient à fond, Jack a fini la soirée très tard avec du Ganafoul. Un nouveau CD acoustique est en préparation. Superbe soirée.

 

 

 

Mercredi c’est au tour de King King venu de Glasgow avec beaucoup de difficulté, arrivé tardivement ils ont dû faire leur balance en live devant le public, très pro ce fut rapide.

                                                                            Alan Nimmo. Photo Gérard Bioteau. 2015.

 

Alan Nimmo et ses King King, Lindsay Coulson à la basse, Wayne Proctor à la batterie et Bob Fridzeman à l’orgue avec cabine Leslie, nous ont offert un concert à la hauteur de leur réputation, l’énergie et le charisme d’Alan Nimmo ont captivé le public, blues, blues- rock et ballades se sont enchaînés de façon limpide, même une coupure de courant n’a pas influé sur le déroulé du show.
La voix puissante et chaude d’Alan Nimmo emmène King King au top.

 

 

 

Jeudi le Grésiblues accueille Deborah Bonham, sœur de John le batteur fondateur de Led Zeppelin. Ils sont forts ces Anglais, le son, la voix, le contact avec le public tout est parfait.

                                                                             Deborah Bonham. Photo Gérard Bioteau. 2015.

 

Parlons d’abord des musicos, Peter Bullick à la guitare, mandoline et chœurs, Jo Burt à la basse (qui a joué entre autres avec Black Sabbath et Freddie Mercury), Gérard Louis clavier et chœur, Jimmy Roman à la batterie, c’est du lourd, un son bien british.
Deborah Bonham une voix à la Janis Joplin qui vous agrippe aux tripes sur du blues, une tigresse qui vous électrise sur du rock, l’émotion totale, en totale communion avec le public. Un grand moment.

 

 

 

Vendredi soirée de clôture avec en première partie Ahmed Mouici, l’ex chanteur de Pow Wow et comédie musicale nous propose de partager sa passion du blues et de la soul, sa voix se prête évidemment à ce style, la sincérité et l’émotion sont là, son interprétation de Man’s Man’s World en est la preuve, pour cette soirée nous avons pu profiter de la présence à ses côtés de Bako Mikaelian au grattoir et harmonica sur plusieurs morceaux, une addition de talents qui fait mouche.

                                                                                                                                                        Ahmed Mouici. Photo Gérard Boiteau. 2015.

 

Stéphan Notari et Mathis Haug. Photo Gérard Bioteau. 2015.

 

En seconde partie Mathis Haug et son complice Stéphan Notari et sa batterie hétéroclite faite de tabouret, bidon, casserole et d’une valise, ce duo déploie une énergie folle, la voix chaude et éraillée de Mathis ajouté à son jeu de guitare et son sens de l’improvisation doublé du côté spectaculaire de Stéphan composent un show irrésistible.

 

 


Ont également participé à cette édition, Mr Hardearly,

Holy Bones, Funksters, groupes que je n’ai pu voir dans leur intégralité.


Merci à toute l’équipe du festival.


Texte et Photos de Gérard Bioteau.

 

 

 www.gresiblues.com

 

 

 


                                                    Texte de Gilbert Béreau.                    Photos de Jean-Pierre Vinel

 

 

Comme chaque année, 'Cognac Blues Passions' transportait sa soirée d'ouverture dans l'ile Madame située à Jarnac. C'était la soirée de ce fameux jour où, pour la première fois, les journalistes météo de tous les médias français se sont étranglés au sujet des 40° annoncés sur la région. Ils auraient été bien mieux inspirés de venir sur ce site superbe, rafraîchi par les deux bras de la Charente et de superbes frondaisons d'arbres x fois centenaires, pour assister à une magnifique soirée qui n'incitait pas au catastrophisme. Une excellente soirée, où il faisait bon devant une grande scène servie par une sono de qualité et où, il faut le noter, l'organisation distribuait des bouteilles d'eau aux spectateurs. Ce fût la seule soirée du festival entièrement consacrée au Blues, mais quel spectacle avec rien moins que 17 musiciens accompagnant les trois têtes d'affiche, toutes issues de l'écurie 'Boom Boom Prod'.

 

 

Agé de 30 ans seulement, Selwyn Birchwood est le jeunot de la soirée, il sera donc le premier à fouler la scène du festival 2015. 'Feeling Blues' vous informé sur l'actualité de cette valeur montante du Blues, citoyen de Floride et grandi sous l'aile bienveillante du texan Sonny Rhodes. Son premier et unique album pour un grand label (Alligator) a été chaleureusement applaudi par André (n°11-p10), lequel vous a aussi narré son concert varois (n°15-p7). Dans ce même numéro 15, vous avez pu apprendre que ce disque (Don't call no ambulance*) avait reçu le 'Blues Award 2015' du meilleur album d'un jeune artiste.

Selwyn Birchwood. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.
Selwyn Birchwood. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

Selwyn se présente en tenue décontractée, avec une coiffure qu'aurait probablement aimée Angela Davis jeune et une belle Gibson rouge. Il s'installe en scène entouré de ses musiciens habituels, ceux-là même qui l'accompagnaient lors de la cérémonie des derniers 'Blues Awards', à savoir Regi Oliver au saxo baryton, Donald 'Huff' Wright à la basse et Courtney 'Big Love' Girlie à peine caché par ses fûts. Et ils attaquent par un instrumental un peu vitaminé à la pédale wah-wah avant que Selwyn ne présente ses complices au public.

Regi Oliver. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.
Regi Oliver. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.
Donald 'Huff" Wright. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.
Donald 'Huff" Wright. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

Puis il nous fera la majorité des titres de son album mais pas dans l'ordre des plages du disque ; même si "Addicted" arrive très tôt dans une version longue qui propose un beau dialogue guitare-sax et un long solo en bord de scène qui sonne très BB King. Il aura l'occasion d'y revenir bien souvent faire des solos en bord de scène et même de s'y asseoir pour la plus grande satisfaction de l'assistance.

Selwyn. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.
Selwyn. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

Parmi les grands moments notons le titre phare, "Don't call no ambulance" qui démarre par une intro toute douce de Selwyn seul à la guitare, avant que le rythme du boogie ne s'établisse avec l'intervention des autres musiciens, puis du chant. Le morceau se terminera rythmé par les claquements de mains des spectateurs après de longs solos de guitare puis de sax.


Regi et Selwyn pendant de longs solos. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.
Regi et Selwyn pendant de longs solos. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

Je pourrais vous parler de l'émotion ressentie face à des blues lents comme "Love me again" ou "Brown paper back" que Selwyn fera durer, et durer … mais ce serait extraire des parties d'un ensemble superbe qui a enchanté le public ; votre serviteur y compris, même si je suis moins réceptif aux titres plus funky comme "Queen of hearts", mais c'était bien le seul.



Selwyn à la lapsteel. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.
Selwyn à la lapsteel. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

Puis, Selwyn pose sa guitare pour empoigner une lapsteel, il réclame un siège et c'est parti pour le superbe "Hoodoo stew". C'est fou ce qu'il a l'air de s'amuser avec cet engin ! En particulier durant ce final qui ne veut pas se terminer tandis que les spectateurs enthousiastes tapent dans leurs mains.



Courney "Big Love" Girlie. Photo Jean-Pierre Vinel.
Courney "Big Love" Girlie. Photo Jean-Pierre Vinel.

Le set s'achèvera sur un solo de batterie et une corde cassée pour Selwyn ; il remercie le public avec toujours ce chewing-gum coincé dans le coin droit de la bouche et qui ne l'a pas quitté depuis son entrée en scène.

J'avais été enthousiaste à l'écoute du CD il y a quelques mois, je le suis à nouveau après ce show qui a largement satisfait aux attentes que cet album avait suscitées. Je ne vois aucune date française sur son agenda, alors surveillez de près les pubs afin de ne pas rater la prochaine tournée !



Rapide panorama du jour et le site de l'Ile Madame :

https://www.youtube.com/watch?v=0nCl1eOUK2M
Site de l'artiste :

http://www.selwynbirchwood.com/
Extrait de ce concert de Selwyn :

https://www.youtube.com/watch?v=OC2L4DYNyGU
Un set complet il y a un an en Floride :

https://www.youtube.com/watch?v=qTYDbwB7RTQ
Hoodoo stew à la lapsteel :

https://www.youtube.com/watch?v=86sEn7e0iB4#t=74

* Note : avant 'Don't call no ambulance', Selwyn avait enregistré deux albums autoproduits, 'FL Boy (2011) puis 'Road Worn (2013) – aucun des deux ne semble disponible à ce jour …


 

 

Un court entracte pour que l'organisation prépare le second set et pour que les spectateurs se remettent les idées en place. Puis très rapidement la scène semble balayée par une tornade … et c'est Shakura S'Aida.

                                                                     Photo Jean-Pierre Vinel 2015.

 

Elle surgit, montée sur des talons-échasses, gainée de cuir ou de matériaux tout aussi brillants … et, brillante, c'est elle qui va l'être tout au long de la soirée ! Déjà bien grande sans talons, elle est belle, joyeuse, bourrée d'énergie et tout de suite elle s'adresse à l'assistance dans un bon français.

Vous allez me dire que cette new-yorkaise est installée au Canada depuis bien longtemps ; certes, mais à Toronto où le français n'est pas la langue qui court le plus les rues. Alors nous dirons qu'il s'agit plutôt des restes de son éducation chez nos voisins helvètes. Elle est accompagnée par ses musiciens habituels, ses compagnons pour l'enregistrement de son dernier album, le double CD 'Time' (2012). Tous issus de Toronto, ils composent la section rythmique menée par Lance Anderson aux claviers avec Roger Williams à la basse et Tony Rabalao à la batterie.

Lance Anderson. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.
Lance Anderson. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.
Roger Williams. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.
Roger Williams. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.
Tony Rabalao. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.
Tony Rabalao. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.
Paige Armstrong et Shakura. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.
Paige Armstrong et Shakura. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

A noter qu'après sept nominations, Lance a gagné le 'Maple Blues Award' de piano/keyboard pour l'année 2014. Seul le détenteur de la guitare solo a changé puisque Donna Grantis, également cosignataire de la majorité des titres de Shakura, est partie travailler avec Prince dans le cadre du groupe '3rdEyeGirl'. Le titulaire actuel, également de Toronto, se nomme Paige Armstrong et il n'est pas, lui non plus, tombé avec la dernière averse. On remarque tout de suite que sa Fender a vu du pays ; peut-être serait-il temps d'en changer s'il ne veut pas trop perdre à la revente ???

Dès le premier titre, le public réagit à la belle voix puissante de la chanteuse tandis que Shakura remue, saute, danse, parle au public et glisse subrepticement au milieu des paroles de la chanson qu'elle adore le cognac XO ; je ne sais si les organisateurs ont entendu …

Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.
Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

Elle va nous offrir de belles versions de chansons en majorité extraites de son dernier opus en alternant judicieusement les morceaux bien enlevés et les titres plus lents. Ainsi, au rythme de "Queen of Rock 'n' Soul", doucement introduit au piano, succèdera "That ain't right", un beau blues dédié aux mauvais jours pour lequel j'ai un peu regretté la wah-wah du solo de guitare.
Toujours extrait de l'album 'Time' nous entendrons l'excellente version du triste "Tell me more, more and then some", un titre de Billie Holiday dont Nina Simone avait fait une reprise et que Shakura dédie à ses deux inspiratrices. On notera le joli "Blue Dancing" et sa très longue intro, d'abord au piano, puis par l'ensemble du groupe, avant l'intervention de Shakura.

Shakura S'Aida. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.
Shakura S'Aida. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

Vers la fin du set, Shakura nous gratifiera d'un morceau tout neuf, point encore gravé et qu'elle dit avoir co-écrit avec Keb Mo. Je crois me souvenir que le titre pourrait être "Clap your hands" et, de fait, c'est bien ce que firent les musiciens durant cette chanson au rythme bien gospel.

Le show s'est poursuivi, toujours aussi agréable, toujours aussi varié et toujours marqué de la même complicité avec le public au travers de discussions et de plaisanteries ; et ainsi jusqu'au titre phare de ce fameux dernier disque, lequel était supposé clore le set. Un peu tôt au goût de l'assistance qui le fera bruyamment savoir, ils reviendront donc conclure sur "Your love always got me by" et se retireront en douceur tandis que la foule continuera de scander “your love”, “your love” ...

Site de l'artiste :

http://www.shakurasaida.com/site/
Cet été avec la même équipe :    

https://www.youtube.com/watch?v=gC-Y_EOUPOk
https://www.youtube.com/watch?v=5M--fHYOq_o
Lance Anderson Bio :

http://www.coloursofmusic.ca/bios/lanceAnderson.html



Autre pause pour préparer la scène et accessoirement faire marcher la tirette à bière et c'est le vétéran de la soirée qui prendra possession de la scène. En fait, ce sont d'abord les musiciens du groupe qui lancent les hostilités  … et quel groupe ! Durant les préparatifs, j'avais déjà été fort surpris devant le déploiement des instruments ; il est en effet plutôt rare de voir un clavier et un piano quart de queue à gauche de la scène et un clavier et une orgue à droite … mais il y aura bien des musicos pour servir ces instruments et ce sera Tom-Tom Washington à gauche et Dedrick Blanchard à droite.

Tom-Tom Washington et Ernest Thomas. Photo Jean-Pierre Vinel.  2015.

                                                                                       Le groupe. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

Le reste de la section rythmique est constitué de Joseph Pratt (basse) et Rodd Bland (batterie) tandis que les cuivres sont tenus par Earnest Thomas (sax ténor) et Darryl Thompson (trompette). Ce septuor instrumental est complété par la guitare de Kenneth Scott, un jolie Fender noire à gros pois blancs. Lui, Kenneth, arbore un magnifique bitos emplumé qu'il a probablement piqué à un chanteur de country texan, de grosses boucles d'oreille et de larges lunettes fumées. Il s'empare du micro pour un hommage à B B King avec un titre qui, sans certitude, pourrait avoir été "That ain't the way to do it" ; de toute façon, le vocal était bien trop en dessous du mix instrumental pour être apprécié.

 

 

De ht en bas : Kenneth Scott, Joseph Prat et Darryl Thompson. Photos Jean-Pierre Vinel. 2015.


                En arrière plan des trois choristes, Dedrick Blanchard à l'orgue. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

Puis, c'est l'entrée de trois choristes qui ont noms Diana Simon, Diane Madison et Theresa Davis ; les deux dernières ont une longue carrière derrière Otis, mais aussi avec une foultitude d'artistes évoluant dans des styles différents. Elles sont suivies du héros de la soirée, môssieur Otis Clay en personne et tout de jaune vêtu, y compris les santiags !!! Il a fêté 73 ans au sortir des frimas de l'hiver et il est bien gaillard, le bougre ! La voix n'a que peu changé, peut-être est-elle un soupçon plus rauque ? Et si les cheveux restant demeurent bien colorés, par contre la moustache est franchement blanche.

                                      Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

Une majorité des titres de ce soir figurent sur ses enregistrements récents, ainsi remarquera-t-on "Even now" avec orgue et beaux passages de guitare et qu'Otis vit parfaitement. La voix montera d'un cran pour sa vision du "Walk a mile in my shoes" emprunté à Joe South, qui commencera et se terminera doucement avec un beau soutien du guitariste. Il nous offrira aussi une poignée de titres qui, semble-t-il, ne figurent que sur des enregistrements publics ; ainsi, "Love and happiness" (Al Green) qui démarre tout en douceur pour attraper un rythme lancinant.

Kenneth Scott et Otis. Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.


Vers la fin de sa prestation, Otis rendra hommage à Bobby 'Blue' Bland qu'il nous dit avoir beaucoup écouté alors qu'il n'avait qu'une quinzaine d'années. Et avant d'entonner "This time I'm gone for good", il fait lever le batteur qu'il nous présente comme Rodd Bland, le fils de la superstar de Memphis. Quelques instants plus tard, c'est (Roebuck) Pops Stapples qu'Otis saluera en interprétant un titre qui pourrait bien être "Respect yourself" et pendant lequel les musiciens restent un bon moment figés.

Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.


Et puis c'est le rappel, là encore il semble que ce soit un enchaînement dont Otis soit coutumier en scène, "Amen/This little light of mine" ; et il va faire chanter 'Amen' aux spectateurs jusqu'à plus soif. J'aime déjà un peu moins car depuis toujours, mais plus encore en vieillissant, j'ai de la peine à faire le grand écart entre bénitier et juke joint, ou d'ailleurs honky-tonk ; probablement un manque de souplesse qui se termine par des douleurs à l'entre-jambe. C'est là mon grand problème avec la musique américaine, blues, rock and roll ou country et c'est même plus généralement mon problème avec les étatsuniens !

Photo Jean-Pierre Vinel. 2015.

 

Puis il enchaînera avec le célèbre "(Sitting) On the dock of the bay" d'Otis Redding que les spectateurs reprendront avec ferveur et avant de s'échapper, Otis remerciera le public et dira son espérance d'un prochain retour à Cognac, le tout chanté en douceur. Des paroles toutes personnelles, 'le tout de son cru' aurait probablement dit Rabelais, inventeur de l'antistrophe et contemporain de ce bon François 1er si cher à la cité de Cognac.
Une superbe soirée de blues qui incitait vraiment à rester profiter de la suite du festival ; mais les seuls spectacles qui m'auraient intéressé étaient vraiment clairsemés dans une programmation trop éclectique nécessitant un budget disproportionné avec le plaisir espéré.

 

Texte de Gilbert Béreau.              Photos de Jean-Pierre Vinel.

 

 

Site de l'artiste :

http://otisclay.net/
Toronto – été 2014 :

https://www.youtube.com/watch?v=5fQdFEEdf5Y
Torpnto 2014 avec Johnny Rawls :

https://www.youtube.com/watch?v=J3Dq-TPbm68
35 mn à Jackson il y a 2 ans :

https://www.youtube.com/watch?v=J3Dq-TPbm68

 

 

 

 


     Texte de Jean-Louis Guinochet                  Photos de Sylvie Déclas

 

 

 

 

Dans le cadre du Festival des Alpilles, la onzième édition de la soirée L'Am du Blues se déroulait encore une fois dans le grand parc des platanes de Lamenon. Les 800 chaises installées n'ont pas suffit, plus de 400 personnes sont restées debout, mais un écran géant et un son de qualité permettront aux moins chanceux de profiter pleinement du spectacle. Tant mieux, la preuve qu'un plateau 100% Blues peut attirer autant de connaisseurs que de curieux.

Photo Sylvie Declas. 2015.

 

En première partie on nous proposait Guitar Crusher.

Né en 1931 en Caroline du Nord, à 15 ans il commence une carrière de guitariste avant de devenir également chanteur et harmoniciste. Ce soir, les cinq musiciens réunis pour l'accompagner étaient tous bons, avec, à la section rythmique Daryl Taylor et Carlos Delalane respectivement à la basse et aux baguettes, ainsi que Marcos Cool à l'harmonica,  Nicola au piano et à l'orgue et Emiliano Dell'Innocenti à la guitare. La première partie du set commence par des grands standards empruntés à Ray Charles ou Ottis Redding comme "I need no doctor" ou "I got a Woman", l'ensemble groove plutôt bien, l'authenticité du bluesman est réelle, touchante et émouvante.

 

 

Photo Sylvie Declas. 2015.


En revanche, par pudeur et respect pour cet artiste qui, à 84 ans, ne peut presque plus jouer de guitare ni d'harmonica, je me garderais bien de m'attarder sur la deuxième partie du set, car sur des titres plus lents, sa voix, qui a apparemment perdu de sa puissance avec l'âge devient de surcroit vraiment trop chevrotante. Nous lui pardonnerons !



                                               Photo Sylvie Declas. 2015.

 

Il terminera heureusement sur un plus dynamique "The Blues is Alright" mais reviendra pour le rappel avec un pathétique "Stand by me" dont je me serais bien passé. Le public a beaucoup aimé cet artiste attachant.

Finalement, n'est-ce pas là l'essentiel ?

 

 

C'est au tour de Shawn Holt qui a suivi les pas de son père Magic Slim en reprenant la tête des Teardrops en 2012. Levi William, à la guitare et au chant, entame le set accompagné de Vernal Sticks Taylor à la batterie et Russel Jackson à la basse, les trois musiciens formant désormais The Teardrops. Levi William, dont je découvre ce soir le talent et les impressionnantes qualités pour assurer la seconde guitare, chante deux titres dont "Little by little" pour chauffer le groupe et le public avant de présenter à 'l'américaine' l'arrivée sur scène de Shaw Holt.

 

 

Levi William & Shawn Holt. Photo Sylvie Declas. 2015.

 

Shawn, toujours aussi impressionnant physiquement que musicalement, a la bonne idée d'attaquer par des standards qui mettent tout de suite l'oreille du public à l'aise. L'ayant vu la dernière fois sur scène il y a huit mois (Feeling Blues n°13) je ne m'attendais pas à ce qu'il ait pu faire autant de progrès.

 

 

Shawn Holt & Russel Jackson. Photo Sylvie Declas. 2015.

 

Quel superbe guitariste et quel groupe "magic" nous écoutons aujourd'hui ! Le gaillard a une voix puissante et chante plutôt bien, mais c'est surtout ses talents de guitariste et son sens du blues qui sont remarquables. Après "It's all right", nous aurons droit à un long "Crusscut saw" où les chorus de Levi, de Russel (trop en slap bass à mon goût), de Vernal et bien sûr de Shawn s'enchaîneront pour laisser place à un jubilatoire dialogue de guitare entre Levi et Shawn avant un "Mojo working" hyper rapide suivit du magnifique "Bright light big city" joué tranquillement... shuffle.

                                       Photo. Sylvie Declas. 2015.

 

Ce concert époustouflant, qui contenait tous les ingrédients du Chicago Blues tel que je l'aime, fût trop court à mon goût tant le temps passe vite dans ces moments d'exception. Là-haut papa Slim doit être fier de son fiston.

                                                     Photo Sylvie Declas. 2015.

 

Pour terminer la soirée, Guitar Chrusher, Shawn Holt, Russel Jackson et tous les autres artistes ou presque se retrouvent face au public pour un boeuf en hommage à B.B.King.
Peu inspirant, "Trill is gone", un blues en mineur de Rick Darenell et Roy Hawkins popularisé par B.B. en 1970 ne fut pas le meilleur des choix pour honorer The King Of The Blues, mais bon, comme on dit dans ces cas là, c'est l'intention qui compte, non ?

Quoiqu'il en soit, une très belle soirée.
Bravo !
À l'année prochaine.

 

 

Texte de Jean-Louis Guinochet.           Photos de Sylvie Declas.

 

www.festival.alpilles.fr

Le site des artistes :

guitarcrusher.comshawnholtandtheteardrops.com

Shawn Holt au Blast Furnace Blues - ArtsQuest Center at SteelStacks Bethlehem, PA - March 28, 2015 :

https://youtu.be/bDuiFr2M_h8